Tome 1 : Là d'où je viens, Episode 1 : L'oeil de l'ours (Thane)

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Tous les snipers sont borgnes.

Ton unique oeil valide dans le viseur, tu te dis que ce n'est que dans ces moments là que ton handicap n'existe plus. Tu admires les plaines du Caucase dans ta lunette si particulière de ta PGM 338. Tu découvres l'Ossétie du Sud pour la première fois. Tu tiens tes ordres directement du Général Andreï Gurulev. Les traditionnelles manoeuvres militaires proches de la Géorgie ont été repoussées à l'automne, et c'est à toi qu'il revient di'initier les hostilités.

"Au pays des aveugles..."

Contrairement à tes pairs, tu es relativement conscient des raisons fondamentales de tes missions. La Russie a toujours rêvé de récupérer dans son girons les anciens pays du bloc soviétique. Avec la Géorgie, la Russie pourrait s'assurer le contrôle de tous les États du Caucase et de la Caspienne. L'Occident, trop occupé avec l'Iran, ne bougerait pas le petit doigt. En même temps, une petite guerre victorieuse unirait la nation russe derrière le Kremlin qui est effrayé par la réussite de la Géorgie, qui commence à être considérée comme un modèle à suivre dans la région. Cela permettrait aussi à Poutine d'écraser les restes du mouvement prodémocratique. Bonus final, une action militaire russe pourrait abattre le régime de Saakachvili, le président Géorgien. Mais pour cela, il faut donner l'impression que ce sont les Géorgiens qui ont frappé les premiers... et c'est là que tu interviens.

Tu as perdu un oeil, mais tu en as ouvert un troisième.

Malgré la distance et le faible vent, tu arrives à entendre le ronronnement docile du gazoduc secret qui passe dans cette région. Ton objectif est de le faire exploser en donnant l'impression qu'il s'agit d'un acte de terroriste géorgien sympathisants d'Al-Qaida. Ainsi, Saakachvili devra expliquer l'origine de ce gazoduc dont il touche une grande partie des royalties et sera discrédité auprès de l'opinion public. Ton équipe doit placer des charges à ce point de connexion très précis et les faire sauter dans une heure précisément à 23:00.

L'ennemi à des yeux partout.

Le hic : la zone est gardée militairement par une centaine de soldats. Un fortin à miradors et grillage électrifié se dresse au fond de la cuvette que vous approchez toi et ton équipe. Furtifs, vous êtes cachés dans les collines rocheuses qui entourent la zone. Vous apercevez les véhicules blindés et les baraquements qui défendent la petite zone industrielle qui est la seule véritable faille du gazoduc. Il faudra toute ta stratégie et une coordination impeccable de ton équipe pour réussir. Sans perdre d'homme bien sûr. Autre détail : il faut que l'attaque ne paraisse pas trop pro pour minimiser les soupçons envers la Russie.

"Я вижу, что перевозчик подход!"

Te lance Nicolai. Un véhicule de transport s'approche à l'opposé de vous pour rentrer dans le camp...

Je pousse un long soupir. La forteresse dressé devant moi semble totalement imprenable.. Mais j'aime les défis. J'ai pris soin avant mon départ en mission de préparer trois uniformes d'officier Géorgiens et quatre de soldats réguliers, taillé sur mesure par les collègues du FSB. Le déguisement pourra tromper la vigilance des Géorgiens de loin.. Mais de trop près, nous serions surement démasqués.

Je tourne mon regard vers Nicolai et Mikhail, ce sont eux qui seront en tenue d'officier.. Nicolai parle géorgien, mais Mikhail n'en connait pas un mot. Cette mission s'annonce particulièrement ardue..

Ma petite équipe déguisée est prête, les autres sont comme prévu sur la partie haute de la Coline, prêt à couvrir une éventuelle retraite. Mitrailleuse lourde, sniper, des silencieux et même un RPG 7.. On n'se prive de rien.

Les explosifs sont dans le sac de Vlad', qui l'a camouflé en "Radio longue distance portative". Si les géorgiens le demande, on dira simplement qu'elle est cassé, mais que l'état-major refuse qu'on laisse qui que ce soit la toucher, du fait qu'elle contiendrait des codes confidentiels.

Les hommes sont agités. Cette mission est très certainement l'une des plus difficiles que le groupe a subit.

"Du calme les gars. On est entraîné à ce genre de tâche. Mikhail, tu la boucle du début à la fin, si un mec t'entend parler Russe, c'est fini pour nous. Nicolai à l'meilleur accent, donc c'est lui qui cause, comme prévu."

Le camion approche, le scénario se met en place. Le plan est simple : Nicolai se place au milieu de la route pour beugler sur le camion en Géorgien. Sa tenue des "Lands Force command" est reconnaissable de loin, le pilote devra donc s’arrêter. Plusieurs possibilités entre en jeu : Soit le camion est vide, transport de matériel.. Où simple déplacement, soit il est plein à craquer de soldats ennemis. Dans les deux cas, il faut la jouer fine.

L'équipe de Thane encore en Spetsnaz attend sur une position retranchée. Si par chance le camion est vide alors Nicolai le réquisitionnera au nom de l'état-major. Il sera d'autant plus simple d'entrer dans le camp avec un vrai chauffeur, inutile de l’abattre. Nicolai irait dans la cabine avec celui-ci, les autres à l'arrière.

Dans l'éventualité où le camion serait remplit de soldat, alors le risque sera trop grand. La moitié de l'équipe d'infiltration ne parle pas Géorgien, les personnes du convoi auront très certainement des soupçons et si par malheur un officier se trouve dans le tas.. Alors la mission se terminerait avant d'avoir commencé. Il faudrait agir vite. Nicolai demanderait de l'aide car son propre camion s'est écrasé sur un arbre dans une route des routes sillonneuse de montagne du Caucase et d'ajouter que "les bras cassés m'accompagnant n'arrivait pas à l'extirper de la". Le but étant bien sûr d'attirer le groupe Géorgiens sur le plateau surplombé par les rochers ou se situe l’embuscade du groupe de Thane, la plupart armés de silencieux.

Je pousse un nouveau soupire. Trop de variable.. Ce plan est risqué.. Trop risqué. Mais nous devons entrer dans ce complexe, le Kremlin n'apprécie pas les échecs.

Le vrombissement du moteur me glace le sang. Le scénario se met en place..

"Nicolai, à toi !"

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] à tes équipes.

Nicolai et Mikhail parviennent à intercepter le camion avant qu'il ne soit trop à découvert sur la route, là où tout le camp pourrait voir ce qui se passe. Tu entends très distinctement les échanges dans ta radio, tout en suivant l'action dans ta lunette.

"Ola ! Arrêtez-vous ! Vous transportez quoi ?

- On a un colis suspect, on faisait notre patrouille quand on a aperçu ce type chelou.

- Armé ?

- Non, il avait juste ça sur lui," dit-il en montrant quelque chose à l'intérieur de l'habitacle conducteur que tu n'arrives pas à voir. Nicolai fait un signe à Mikhail pour vérifier si ce qu'il dit est vrai. Tu vois ton officier faire un signe de tête positif en revenant de l'arrière du véhicule.

"Bon... c'est à nous de ramener le prisonnier. On nous a prévenus qu'un commando russe était pas loin dans le coin. On filtre."

Le soldat maugrée mais l'autorité de Nicolai est sans appel. Les deux conducteurs sortent et tu entends distinctement deux coups de pistolets silencieux dans ta radio. Cachés par le véhicule, tu n'as pas vu les hommes tombés. Quelques minutes plus tard, tes deux subordonnés remontent dans le véhicule avec les plaques et les grades de leur victime. Ils remontent un peu plus leur cagoule sur leur visage. Dans ce genre de fortin, tout le monde se connaît...

"On y est, Lieutenant," lance Nicolai en conduisant le véhicule vers l'entrée de la zone sécurisée.

Tu souffles.

*Radio* "Attendez ! Arrêtez vous, et simulez un problème sur le moteur. Allez voir c'qu'ils transportaient à l’arrière, j'veux pas de mauvaises surprises qui arrivent trop tard. C'est qui ? D'ou vient-il ? Renseignez vous sommairement."

Je prend position à coté de mes hommes embusqués, et règle la lunette de mon PGM338. Un colis suspect ? J'le sens mal ce coup la..
J'observe successivement le camion, puis les gardes du camp. J'ai une visibilité de tir relativement bonne.. Mais j’espère que je n’aurais pas à faire feu. La mission doit rester discrète le plus longtemps possible. Ce prisonnier m'intrigue de plus en plus. Il pourrait se révéler utile.. Ou fatal à l'opération.

Le doigt sur mon oreillette, j'attends la réponse de Nicolai, impatient..

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Le transporteur s'arrête. Nicolai descend pour ouvrir le coffre du véhicule, mettant en joue le prisonnier. Tu vois un homme qui descend mains écartés portant un habit qui n'est clairement pas local. Il ne semble pas armé mais de forte stature. Nicolai fait crépiter sa radio :

"Il portait juste un bâton avec lui, un truc bizarre avec des cristaux dessus.

T'es qui toi ? Tu viens d'où ?

- Je suis un ami. Je suis venu de loin pour rencontrer votre chef. Où est Thane Delienko ?

- C'est moi qui pose les questions connard ! Tu t'appelles comment ?

- Terry Rebryn."

Le nom ne t'évoque rien, pourtant tu ne peux t'empêcher d'avoir un sentiment d'empathie avec cet homme.

Mon coeur s’arrête, mon sang se fige. Il connait mon nom ?.. Mais comment ?

Je l'observe longuement dans ma lunette son visage ne me dit rien.. Il ne semble pas Russe, mais qui est-il ?! Que faire ? Il risque de compromettre la mission.. Et il sait comment je m'appelle de surcroît..

Je me sens bizarre en l'observant, quelque chose cloche.. Et son bâton à cristaux..

"On ne peut pas continuer la mission avant d'en savoir plus, demande lui c'qu'il m'veut Nicolai, comment il s'est retrouvé ici, et comment il connait mon nom. Mikhail, continue de simuler une panne du moteur, mais tache de faire semblant d'savoir c'que tu fais, j'veux pas que ces crétins de la base rappliquent."

J'ai rarement déjà été aussi prit au dépourvut au cours d'une intervention. C'est un revers important.. Je n'étais pas sensé me trouver ici, c'est une mission top secrète, même les trois quarts du Kremlin ne sont pas au courant de son existance.. Comment as-t'il pu se retrouver là ? Dans ce camion en partant vers ma cible ?.. Il ne semble pas être un espion.. Il porte des habits bizarre..

Putain, mais c'est quoi ce bordel ?

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Tu regardes ta montres : déjà un quart d’heure de passé, plus que 45 minutes pour mettre les charges et les faire exploser. Passé ce délais, la mission aura échoué.

Mikhail continue à faire son travail de technicien mais les minutes passent. Des soldats de la zone protégée l’ont repéré et on envoie cinq motos pour les aider. Ils seront sur eux dans moins de deux minutes.

Nicolai accélère le rythme en relayant ta question :

« Je… j’étais un ami de son père. Quant à mon moyen de locomotion, je crains de ne pouvoir l’expliquer rapidement. Vous avez un timing serré si je ne m’abuse.

Dans deux minutes les cinq soldats qui approchent en ce moment même vont découvrir la supercherie à l’œuvre. Vous serez alors contraint de les abattre et moi-même, j’y participerai. Néanmoins, l’alerte sera donnée et vous ne prendrez pas la décision d’abandonner la mission… Ensuite, j’ai un peu de mal à dire, mais il commence à y avoir des pertes.

Mais il y a un autre chemin… ténu et faible… celui où vous me faites confiance et je joue le rôle de votre prisonnier.»

Il est de dos aux motos et ne peut ni les voir ne les entendre. De plus, son ton ne semble souffrir aucune contestation quant à ses prédictions. Clairement, qui est ce mec ? Ton père ne t’en a jamais parlé, mais tu te rappelles d’allusions, de références qui ne rendent pas sa présence totalement incongrue pour toi.

Surtout que tu entends maintenant une pointe d'accent anglais dans ses phrases. Or, tes parents t'ont expliqué avoir vécu pendant longtemps en Angleterre.

Un ami de mon père ? Tout en l'observant, mon coeur bat la chamade. Les motos approchent, si ils voient Mikhail en train de brasser de l'air sur son moteur, et Nicolai qui parle tranquillement avec un "prisonnier"... J'aurais mes réponses après

"Mikhail, referme le capot, Nicolai, fait le remonter à l'arrière. Considère le comme intégré à la mission, vous m'le ramenez après avoir fait sauté les charges."

Je fais un signe de tête vers Vitali, l'expert en communication. Je viens d'avoir une idée. A situation critique, mesure d'urgence.

"Vitali, branche toi sur leurs fréquences. A 22h40 tu leur signales une alerte sur 15km au sud, dit leurs que le signalement vient d'un civil qui aurait appelé les flics qui ont retransmit l'appel. Dit par exemple.. Que des ouvriers foutent la merde sur une partie du Gazoduc. Ivan, prend Mikhaev avec toi et va à n'importe quel pylône au sud en détruisant le maximum de petite connerie possible. Panneau de controle, cable, n'importe quoi, mais pas d'explosif, faut que ça à l'air de venir d'ouvrier."

Devant l'air interrogatif d'Ivan, j'ajoute :

"L'appel doit paraître vraie, faut vraiment qu'ils croient qu'y'ait eu des ouvriers ou des terroristes qui soient passé, si c'est un appel bidon y vont s'demander comment des terroristes ou des pecno ont pu pirater leurs fréquences.. ça va pas être crédible, alors que si y'a vraiment eu d'la casse, ils s'interrogeront principalement sur les auteurs de celle ci. "

Cette petite diversion devrait suffisamment déstabilisé la base pour permettre à mon camion d'passer inaperçu parmi les autres qui s'rendront sur l'alerte, ou dans le pire des cas détourner l'attention.

Replaçant mon PGM338 contre mon épaule, j'observe maintenant le camion via ma lunette

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Il est 22:21. Vitali répond succinctement à ton ordre par un "roger that" tout à fait russe. Tes deux hommes remontent dans le camion ainsi que le prisonnier.

Lorsque les motards arrivent à hauteur du camion qui roule désormais vers la base, Mikhail se contente de faire un signe de la main rassurant et Nicolai explique en une phrase le problème qu'ils ont eu et l'histoire du prisonnier. La première grille barbelée s'ouvre pour laisser passer le convoi après une vérification sommaire.

La tension monte de plusieurs crans. Tes hommes sont dans la toile adverse. Un second checkpoint sommaire, constitué d'une simple barrière arrête le transporteur. Deux soldats Georgiens font le tour du camion pour en faire descendre le prisonnier et l'emmener, menotté et cagoulé, dans un baraquement à la gauche de ton champ de vision. Tes hommes, en revanche, amène le transporteur jusqu'au dépôt à ta droite.

22:29.

Tu as une bonne dizaine de minutes pour effectuer un autre mouvement. Tes deux officiers ne pourront sans doute pas poser les décharges à eux tout seul. Tu as bien une diversion en tête, mais sur la centaine d'hommes présents, guère plus d'une dizaine risque d'être détaché pour vérifier ce qu'il se passe. Au mieux.

Il est temps de déployer ta stratégie maintenant que tu as davantage d'info sur les données de l'équation. Nicolai glisse discrètement dans sa radio qu'il a repéré un point d'accès peu surveillé pour rentrer dans la petite usine à gaz qui se situe au sud. La faille dans la cuirasse. La nuit est vraiment épaisse maintenant. Seule les lumières de la station militaire éclairent la zone.