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 4. Le Chemin de la Deviante

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Auteur Message
La Volonté de Kaen
Admin
La Volonté de Kaen

Messages : 7168
Date d'inscription : 20/09/2009

4. Le Chemin de la Deviante Vide
MessageSujet: 4. Le Chemin de la Deviante   4. Le Chemin de la Deviante Icon_minitimeDim 28 Avr - 10:25

+10'

Ca bougeait encore dans les murs.

Quelques mandibules, des pattes à poils drues ou à peau lisse, parcourues de spasmes faisaient encore trembler la boue. Les parois du labyrinthe étaient désormais plus faites de ces briques de chaires étouffées que de terreau baveux.


« C’est ça hurle. »

Les tranchées creusées contre la réalité, contre la volonté même de l’incarnat, avaient du mal à contenir les échos torturées de celle qui se débattait sous la douleur, qui cherchait ses yeux et la force de réparer le passé. Invoquer un sort, manipuler la magie, tordre le réel, peu importe le nom que l’on donne à ce prodige, cela reste une gageure même pour les aguerris à l’art dit « interdit » sur Centile. Comme un crachat à la face du Destin dont on ne sait jamais si le souffle vous renverra votre hubris à la figure.

Ou dans les yeux.


« Supplie-moi tant que tu as encore une bouche, je t’en prie, sois convaincante. Vraiment. »

Le sang qui giclait encore en traits erratiques dessinait une flaque que la terre n’arrivait plus à absorber. Trop pleine la terre. Prête à vomir les séquelles d’un combat trop grand pour elle. L’hémoglobine dépassait bientôt le disque lumineux marquant le petit périmètre où la réalité n’avait plus le droit d’être violée. Mais l’annulation de la magie était venue trop tard.

Et Kaen rampait, se tordait, le visage noyé de rouge désorbité.



+8'




*J’y suis presque. Sur la réserve, c’est sûr mais pour toi aussi c’est la fin.*

J’avançais dans ces couloirs, à travers les parois du dédale la plupart du temps, à me creuser des petites bulles d’air dans la fange pour respirer entre deux éthérisations. J’ai beau les avoir invoqués encore et encore, les plus durs, ce sont les derniers. Je le sens quand je commence à racler le fond de ma marmite à puissance. Ca sonne comme plus creux en moi. Je le sens dans mes muscles, dans mes phalanges, ce goût de rouille entre les dents comme si j’avais roulé une pelle à un androïde. Je me sens tendue, excitée presque si l’enjeu n’était pas aussi grand. Raide de l’intérieur, de la pointe des cheveux au fond du sexe. Cachée au cœur des murs, j’ai bientôt fini l’enchantement.

J’ai bientôt fini l’enchantement, cachée dans le golem d’eau. Pour ne pas être détectée j’ai dû me faire pousser des ouïes, mais je sais que cette énergie ne sera pas perdue. Le titan liquide balaie de ses mains tout ce qui tente de sortir du labyrinthe par le haut. De toute façon, le haut est la seule sortie. Elle pourra longer les murs tant qu’elle veut la Grande Déesse, pas de sortie qu’en s’envolant ou en se téléportant. Trop étroit les murs pour tisser un portail, trop inégal le sol, trop peu de temps pour aplanir et pousser les parois par télékinésie. La seule solution c’est de s’envoler, mais t’as peur de sortir, parce que pour traverser mon géant bouillonnant, va falloir que tu sortes le grand jeu. Je la tiens en haleine.

Je la tiens en haleine que se dit mon Golem. De toute sa masse, il a ordre de boucher la vue. Et elle peut pas utiliser ses souvenirs, parce que les endroits dont elle se rappelle n’existe plus. J’ai balayé la zone se dit mon Golgoth aquatique. De ses mimines torrentielles ou par sa langue en forme de tsunami, il a terraformé le vallon en un amas de bouillasse.

Et moi, je maudis. Je le maudis l’amas de bouillasse, le sommet des parois du labyrinthe seront toutes enchantées par un sort de télékinésie qui assommera tout ce qui cherchera à sortir par le haut. Et tu vas chercher à sortir par le haut. Parce que je commence à inonder les tranchées. Mon Golem plante une paluche apocalyptique dans l’un des sillons où tu as piégé mon armée. Et tu cours, tu tournes à gauche pour refermer la terre derrière toi tout en pavant ton chemin de zone annihilant toute autre magie que la tienne. Mais mon titan plonge son deuxième bras devant toi pour faire pleuvoir l’enfer fluide. Tu es aux abois, tes zones d’antimagie ne pourront rien face à un courant bien réel, tu vas devoir sortir.

Tu sors.

Et tu n’avais pas senti ma malédiction. Pourquoi ?! Hein, pourquoi sale traînée ? Parce que JE suis la plus grande magicienne, parce que je t’ai usé jusqu’à la corde pendant ces quatres dernières heures pour en arriver là. Au moment, infime, si petit que j’arrive à peine à le réaliser mais ce moment au ralenti où tu percutes mon champ de force. T’avais pas assez d’énergie ou de concentration pour le sentir ? le prédire ? l’annuler ? Non, ça fait des heures que tu luttes et c’est maintenant qu’on voit la différence entre toi et moi.

Tu rebondis en dehors de ton dernier champ de protection et je sors de la fange. Je tends le bras, fais pulser mes joyaux, mes Arcanes Interdites comme tu les as appelées. Sur mes cinq doigts, toutes les pierres scintillent avant d’éclater dans un camaïeu de rayonnement incontrôlé.

Tes yeux que je vise. Tes yeux qui éclatent. Mon golem qui retire son bras et moi qui rit.


« C’est ça hurle ».



+6'



Je me salue. Le passé disparaît dans son écrin de flammes. Le dôme de pierre s’effondre autour de moi et je me tourne vers le combat.

Elle sait se battre, je lui donne au moins ça. Même quand j’ai invoqué le quatrième portail de sceaux permanent, elle a pas moufeté. Imperturbable, une vraie statue de marbre. Je suis sûr qu’elle fait ça pour me montrer qu’elle a pas peur. « L’ascendant psychologique, j’ai jamais gagné sans » mentait Marmin. Tu vas avoir peur, je te le promets.

Elle bouge à peine, mais qu’est-ce qu’elle invoque vite ses portails ! Ca m’a toujours impressionné. Non, ça m’a toujours rendu folle ! Même moi, j’arrive pas à tracer aussi nettement en instantané. Comment elle fait sans sceptre ? Je l’ai jamais su. Un foutu mystère que j’ai retourné dans tous les sens. Fallait les voir les Galu, les Marmin, les Grands Prêtres, tous les exégètes qui sont allés s’enterrer dans des incarnats pourris jusqu’à la fibre. Pas un seul capable de pondre une théorie réaliste ou magiquement cohérente.

Bref, je fais pulser le rubis du medius pour modifier le sol sans tirer sur mes réserves d’énergie. Histoire qu'elle ait pas un sol propre pour tracer. Mais même si ses portails sont foireux, ça n’empêche pas une bonne partie de l’armada de guivres fouisseuses de se faire déréaliser, disperser, avaler par ses immenses fleurs de lotus fanées, stériles de tout passage vers un autre univers.

Mais au moins ça l’occupe. Mon Golem continue de fracasser la montagne pour jeter à bas des avalanches de roches qui écrasent plus mes manticores de Berell que celle qui m’a enfermé pendant une PUTAIN DE CENTURIE !! Vas-y mon gros bouillon, défigure-moi ce paysage, déchire-moi tout ça qu’elle ait plus d’endroit où se téléporter en piochant dans sa mémoire. Donne-lui juste ses yeux pour chialer une invocation.

Tout doux mes guivres, tout doux. Laissez ma troisième armée de chasseurs psychiques l’occuper. Faut les voir avec leur peau de bête grise se déverser du portail de feu liquide, la hargne dans leurs yeux triples qui jettent des cauchemars à tout va. Et elle tient cette esbrouffeuse. Un par un, ils cèdent, se crispent, tétanisent en pleine course tout en s’arrachant les cheveux. J’en vois un qui se déchire la peau à coup d’ongle, un autre qui se crève les yeux et pendant un instant j’ai envie de m’effondrer. Je ne sais pas d’où ça vient, mais je les aime vraiment ces soldats venus de nulle part. Tout ignorant qu’ils sont, je suis liée à eux, j’aurais envie d’arrêter le temps pour pleurer leur mort ou l’empêcher, je voudrais leur….

STOP !

Ah la salope. M’influencer, moi ? Comme ça, tenter de jouer avec mes sentiments, tu pensais vraiment que ça marcherait vieille bique ? Tiens, reprends donc un peu de pluie acide du Roi-Cobra que j’ai fait venir de Noa pour toi. Et tiens, fais pleuvoir mon golem, rends-moi ça fangeux. Je te punirai pour avoir fait de mes triclopes des aveugles.

En attendant, mes fouisseurs continuent de creuser le sol à ton insu. Voilà, ils ont quasiment fini, y a plus qu'à gratter le vernis pour révéler le dédale. Mon Colosse des mers abat sa jambe sur toi, tu te téléportes au milieu de ce qu’il reste de mes armées. Tu réalises, non, tu savais, tu as lu dans le temps que l’eau qui s’échappe du Golem allait révéler les tranchées creusées sous tes pieds. Je sais que tu sais parce que tu invoques trop bien ton sort de terre pour te couvrir.

Peu importe, tu es prise dans mon labyrinthe. Mes chasseurs, mes guivres, mes manticores et mon cobra plonge dans les couloirs pour t’empêcher de souffler. Tu les pièges dans les murs, tu déchires la mâchoire du reptile par télékinésie, tu puises dans ta réserve, tu fais bouger les rebords, mais tu luttes.

Tu n’as pas le temps de voir que je me dédouble. Tu ne me vois même pas quand je m’éthere pour traverser les murs remplis du cadavre de tes ennemis.


*J’y suis presque. Sur la réserve, c’est sûr mais pour toi aussi c’est la fin.*


+3'



Elle a décidé de mener le combat. M’est avis qu’elle aurait pu fuir si elle l’avait choisi dès le début, mais maintenant elle n’a plus le choix. Elle va devoir mener le combat. Tu penses pas que j’ai appris, hein ? Tu m’as vaincu une fois, alors pourquoi tu perdrais cette fois là ? Tu penses vraiment qu’en un putain de siècle j’ai pas eu le temps de ruminer mon plan ? J’ai bien compris ce qui m’avait perdu : un erreur, une toute petite erreur qui a suffit pour que je me fasse emporter par ton portail.

Mais pas deux fois Kaen. Je te tiens. On va voir à quel point tu as vieilli de ton côté. Je te vois pour l’instant te téléporter pour éviter les coups de points de mon golem, tu repousses même l’eau de son corps pour moins te dépenser. C’est malin, mais tu n’attaques pas. Tu attends.

En quatre heures, tu as juste hérissé quelques piques du sol, balancé quelques décharges télékinésiques et tenté de geler les pieds de mon chien de garde. Quoi ? C’est vraiment tout ce que tu as ? Je vais te faire bouger moi, te forcer à invoquer d’autres champs d’annulation de la magie. Ouais, comme la dernière fois, sauf que là j’ai une carte dans la manche qui va tout changer.

Alors j’accélère. Je fais trembler la terre à en fendre les pierres, à créer des crevasses profondes comme un fleuve, je me transforme en torche vivante pour aller la brûler entre mes bras. Je la force à bouger d’une zone anti-magie à une autre. Si elle sort de là, elle sait qu’elle est morte : en un battement de cil, j’engluerai le temps sur lui-même partout où la magie a prise. Alors elle invoque des zones lumineuses. Des zones blanches comme des petits poneys d’une mièvrerie navrante. Les sorts révèlent ce que nous sommes à l’intérieur : ben toi t’es une oie attardée plein d’idéaux à la con, voilà ce que disent tes invocations.

C’est qu’elle en a sous le pied l'immortelle ! Une endurance remarquable, mais tu dois commencer à céder. Tu penses que je craquerai la première, pas vrai ? T’as raison, j’ai du mal à stabiliser les rochers que je projette par télékinésie, je suis moins précise quand je contrôle mon Océan Vivant.

Tu contres. Enfin. Tu me renvoies une masse d’eau puisée à même mon Golem alors que je suis encore sous forme de feu follet. Je te pensais pas capable de telles ressources. J’invoque alors un dôme de pierre autour de moi et reprends forme humaine.

C’est le moment.

Recluse dans ma forteresse de pierre, un portail de sceau apparaît devant moi pour laisser apparaître mon alter ego. Je souris. Si nous n’échangeons aucune parole, elle me donne néanmoins un minuteur indiquant qu’une heure s’est écoulée. J’en crée une copie parfaite avant de détruire le modèle original et de régler le compte à rebours sur 60 minutes.

Mon alter ego vient du futur. Moi-même, je vais invoquer un portail de sceaux vers un incarnat à écoulement du temps rapide. Là-bas, je pourrais utiliser ma Source pour me recharger totalement. Ensuite, je retournerai sur le lieu du combat où il se sera écoulé exactement une minute. Je me croiserai à nouveau. Je retournerai alors dans le passé, donnerai le minuteur à mon alter ego du passé qui entamera à son tour la boucle. J'attendrai une minute et je croiserai mon alter ego qui retournera une minute dans le passé.

Aucun paradoxe. Une boucle stable, solide. J'ai mis du temps à la trouver celle-là. Mais du temps, elle m'en a donné. « Une stratégie extrême » avait commenté Marmin quand je lui en avais parlé. Peut-être. N’empêche, j’ai l’ascendant maintenant, il est temps de passer aux choses sérieuses.

Je vais vaincre. Je le vois dans le futur. Je le sens dans mon Destin.

Je me salue. Le passé disparaît dans son écrin de flammes. Le dôme de pierre s’effondre autour de moi et je me tourne vers le combat. Rechargée.



+0'


Kaen contemplait la vallée assise en tailleur sur une herbe d’un éclat trop évidemment surnaturel. Assise dans son cercle d’annulation de la magie, elle avait de son nid d’aigle un point de vue parfait sur la vallée et le golem qui s’acharnait sur son double.

Des mèches blondes se collaient sur la sueur de son visage crispée. Impossible de relâcher sa concentration un seul instant depuis près de quatre heures. La voix d’Horini manqua pourtant de la faire décrocher.


« Kaen, veux-tu que je prenne le relais, tu sembles exténuée ?

- Non »
lâcha la Déesse sans remuer les lèvres plus que nécessaire.

La Pieuse plissa le front et étrécit les yeux sous ce spectacle dantesque.


« Mais… Sait-elle au moins qu’elle se bat contre une illusion ?

- Oui, »
mêla-t-elle au vent. Horini ne put s’empêcher de tourner la tête vers la Mère de Centile.

« Mais pourquoi continue-t-elle en ce cas ? Elle n’a aucune chance… sa magie sera épuisée bien avant ton esprit ! »

Le Golem balayait une nouvelle fois la plaine de ses trombes d’eau. Une nouvelle goutte perla à la tempe de Kaen.

« Horini, dans dix minutes, je vais devoir lui faire croire que j'ai perdu ce combat, » prédit la Déesse.



La fin dans "L'Equilibre de Kaen".
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